On est d’accord sur le fait que le socialisme n’existe nulle part dans le monde et qu’il n’a jamais existé. En effet partout dans le monde ceux qui ne possèdent pas les moyens de production se trouvent forcés de vendre leur force de travail. C’est cette marchandise particulière qui est en effet source de valeur et pour le capitaliste, source de plus-value.
Tant que l’argent circulera les travailleurs ne bénéficieront que d’une partie des fruits de leur travail. Et s’il est vrai que le niveau de vie des travailleurs occidentaux a augmenté en un siècle, il faut cependant voir que les forces productives ont augmenté beaucoup plus et que l’on travaille partout encore 8 heures par jour. Il a été prouvé que si la production était orientée vers la seule satisfaction des besoins et si tous les métiers nécessités par le système capitaliste (employé de banque, caissière, etc…) disparaissaient, il ne serait plus besoin de travailler que 2 heures par jour.
Il est certain de plus que la notion de travail/loisir serait bien différente : que ferait un publiciste dans un monde socialiste ? En raison de la division du travail, beaucoup d’activités deviennent rébarbatives. Quelle infirmière n’adore pas son métier tout en le haïssant à cause du rythme infernal ? Quelle mère de famille ne devient pas névrosée enfermée entre quatre murs toute une journée avec des gamins ? Et telle autre qui ne les voit que le soir tard ? Et tous, employés de bureau ou ouvriers, cadres, 8 heures par jour du même boulot toute une vie. Et quelques années de retraite à prendre vite avant de crever. Espérez-vous vraiment que le capital va prendre soin de vous alors que chômeurs, vous n’êtes pas –pour le moment– productifs, vieillards vous n’êtes plus productifs (bon gré, mal gré) ?
Le capital n’est intéressé que par une chose : s’accumuler. Donc faire du profit. Il n’a rien à faire de ce qu’il produit tant que cela pourrait être n’importe quelle merde.–on risque même de s’anéantir, soi et le reste– tant qu’on s’élargit, on fait du profit toujours plus.
Quand la production elle-même n’est pas envisagée pour la satisfaction des besoins, comment croire qu’un quelconque gouvernement puisse changer quoi que ce soit par quelques réformes ? Si même des tonnes de lait en poudre arrivaient au Cambodge cela changerait-il quelque chose au problème de fond ? D’un autre côté on pille d’autres biens, récemment 1 milliard de pommes étaient déversées pour pourrir dans un ravin en France. Ces charités sont en fait la canalisation du mécontentement de certains.
Il faut se rendre compte que le système capitaliste n’a plus aucune raison d’être : c’est un cercle vicieux, malade de lui-même et le seul moyen d’en sortir, c’est de briser le cercle. Si le capitalisme a eu sa fonction, c’est-à-dire de développer les forces productives à un point tel qu’il rend possible le socialisme –société d’abondance à l’échelle du monde– il est maintenant. non plus un mal nécessaire mais un mal en soi. Tout y est illogisme.
Nous pouvons penser que les deux cents ans de capitalisme sont peu de chose comparés à l’histoire de l’homme –préhistoire, période de l’esclavage et du servage. Peut-être cette période que nous appelons civilisation n’est elle pas encore réalisée. Nous sommes en passe de voir la vraie Civilisation et l’homme véritablement libre et cela nous faits d’autant plus mal que nous souffrons encore de ce système de production et que nous devons attendre que les autres l’aient réalisé. Peut-être pourrions-nous activer cette pensée gardant l’espoir de voir soi-même l’humanité s’épanouir enfin.
Le passage technique –d’organisation– à cette nouvelle société n’est pas un problème. Déjà d’autres rapports de production tel le bénévolat sont apparus (je ne dis pas que c’est cela le socialisme ; au contraire car celui-ci nécessite l’abolition de l’argent) mais que du seul aspect social, un désir d’un autre rapport est né. L’automation toujours plus poussée et qui découvre encore plus les contradictions de l’économie de marché y sera pour beaucoup. Il appartient à tous de faire que la machine folle du capitalisme soit arrêtée.
Seule l’utopie est réalisable. Quelle autre alternative ? Le socialisme ne doit pas être loin. Pour cela informons, débattons. Désirons ? Quelle autre pratique pour le moment ?
Le capitalisme n’est plus viable. Les conditions matérielles sont prêtes pour le socialisme. L’automation de plus en plus grande semble en être garant. On est d’accord. Socialement on désire autre chose. “Mais …”
Où se situe ce “mais …” ? Pourquoi “Oui, mais … “? Peur du changement? Impossibilité d’imaginer les nouveaux rapports de production et la vie dans un monde libéré du système du salaire, monde d’abondance ? Pourquoi alors que tous les arguments ont été acceptés, ne pas prendre la décision logique: “Oui la seule alternative, l’alternative tout à fait possible c’est le socialisme, l’abolition du salariat, du profit et avec lui la réappropriation des moyens de production, la fin de l’exploitation, de la division du travail, du manque, de l’insécurité et des maux créés par l’ancien mode de production tourné vers la recherche du profit et la seule valeur d’échange. Oui à l’abondance, la paix, le travail créatif, le temps libre, l’espace libre …” ?
“Oui, mais”. Qu’est-ce qui retient donc ? La nouveauté de l’idée ? Le fait qu’elle n est pas dans les médias ? Qu’elle n’est pas acceptée, partagée encore par la majorité ? La mode nous a-t-elle donc tant habitués au conformisme ? Ou l’insécurité, l’irresponsabilité dans lesquelles nous force le capitalisme nous empêchent-elles d’être logiques avec nous-mêmes ?
Tous sont concernés, tous se sentent concernés mais tous attendent que les autres fassent le premier pas … et puis se sentant agressés ils se tournent vers le socialiste et disent : et toi que fais-tu pour changer tout cela ? Que puis-je faire que faire germiner des idées, renaître des désirs, amener à la compréhension des raisons de notre malheur et dire que ces raisons ne sont pas fatales, qu’elles sont historiques, inhérentes au capitalisme et qu’il est possible dès maintenant de vivre le socialisme ?
Alors ils rajoutent: “Mais en pratique ?” Pratique. Cela ne veut pas dire grand-chose. Comment, d’où, est né cette effroyable distinction entre théorie et pratique, entre parler et agir ? Se balader dans une rue et taper sur la gueule de ceux d’en face est-ce cela la glorieuse pratique ? Parler, c’est aussi agir, et d’une façon beaucoup plus efficace.
Mais ce qui est vrai c’est que matériellement on ne pourra pas instaurer le socialisme tant que vous ne vous serez pas rendu compte de votre aliénation. C’est elle qui vous empêche de voir l’importance de chacun de vous et de votre décision. L’appareil idéologique capitaliste et le peu de moyens d’information socialistes ne rendent pas les choses faciles mais au bout du compte la classe salariée ne peut s’en prendre qu’à elle. Elle est la seule à pouvoir prendre la décision –politique– d’abolir le système actuel. Cette classe salariée, ça n’est rien d’autre que l’immense majorité de la population, cette classe c’est vous tous, salariés du présent, du passé, mais espérons-le bientôt futurs socialistes.
Qu’est ce qui t’attache donc tant au système capitaliste ?