C’est du moins ce qu’affirment les Borgs, dans la célèbre série Star Trek. Nous n’irons pas jusqu’à dire cela. Mais il est vrai que, conçue comme une fin en soi, la résistance ne fait guère avancer les choses. En effet, si elle ne s’accompagne pas d’une lutte pour l’instauration d’une société nouvelle et différente, elle aboutit inévitablement à une impasse. Il est vain de s’agiter tous azimuts en tentant de traiter les effets sans s’attaquer aux causes profondes du mal.
Les partisans de la résistance pure et simple se divisent en deux groupes. Premièrement, les réformistes authentiques, qui n’ont aucun projet de société alternatif à proposer en lieu et place du capitalisme et qui se bornent à vouloir introduire quelques changements mineurs, tels la lamentable taxe Tobin (une taxe de 0,01 % qui serait prélevée sur les opérations financières à caractère spéculatif), sans toucher aux autres aspects du système capitaliste. Il s’agit des ONG, de groupes religieux et d’autres organisations comme le mouvement ATTAC.
La seconde catégorie est composée de gens qui conçoivent uniquement la résistance pure et simple comme une tactique. On les reconnaît aisément, dans les manifestations, aux drapeaux rouges et aux portraits de Lénine qu’ils arborent, aux côtés de ceux de Trotski, de Mao ou de Che. En tant que léninistes, ils pensent que le commun des mortels est incapable d’imaginer une alternative au capitalisme, qu’il peut tout au plus résister à la détérioration progressive de son niveau de vie et que, de ce fait, il a besoin d’être dirigé par une minorité consciente, à savoir . . . eux-mêmes. Leur stratégie consiste à faire de l’encouragement à la résistance pure et simple un instrument de conquête du pouvoir. C’est dans ce but qu’ils ont créé des organisations-écrans, dénommées par exemple “Résistance globale” ou “Rèsistance internationale”, qui rivalisent avec les réformistes authentiques par le manque d’ambition de leurs revendications. En réalité, ils proposent bien une solution de rechange au capitalisme privé, mais, s’agissant d’une version idéalisée du capitalisme d’Etat qui a existé autrefois en Russie, ce projet est loin d’être attrayant. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’ils éprouvent le besoin de le déguiser.
Mais alors, quelle est la véritable alternative au capitalisme ? Le socialisme ! mais dans sa conception originelle, celle d’une société bâtie à l’échelle mondiale, dépourvue de frontières, fondée sur la propriété collective des ressources de la Terre et sur l’application universelle du principe “De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins”. Une telle société n’a jamais existé, et certainement pas en Russie ou en Chine ni sous aucun gouvernement “socialiste”, social-démocrate ou de gauche. Cette société nouvelle reste à créer, et il est urgent d’oeuvrer en ce sens si l’on veut s’attaquer efficacement aux problèmes auxquels notre monde doit aujourd’hui faire face.
Comment concevons-nous l’avènement du socialisme ? L’immense majorité d’entre nous sont tenus à l’écart des leviers de commande de la société dans laquelle nous vivons, et ne sont que des salariés. Nous devrions nous organiser consciemment et collectivement de manière à priver nos exploiteurs des instruments du pouvoir politique. Dès l’instant où ces armes utilisées aujourd’hui contre nous auront été neutralisées, notre résistance n’aura plus de raison d’être, et nous pourrons alors, ensemble, nous employer à gérer la société dans l’intérêt de tous, et non uniquement au profit d’une infime minorité.